NOUS DEVONS EN RETOUR LES CONTEMPLER, LES ASSUMER, TENTER D'EN RENDRE COMTE. IMAGES MALGRÉ TOUT: MALGRÉ NOTRE PROPRE INCAPACITÉ À SAVOIR LES REGARDER COMME ELLES LE MÉRITERAIENT, MALGRÉ NOTRE PROPRE MONDE REPU, PRESQUE ÉTOUFFÉ, DE MARCHANDISE IMAGINAIRE. GEORGES DIDI-HUBERMAN, IMAGES MALGRÉ TOUT, PARIS, LES ÉDITIONS DE MINUIT, 2003, P.11.


PERFIL EN ACADEMIA.EDU

28.8.09

DEVANEO. El turista según Schopenhauer

Schopenhauer hace referencia al turismo como el tedio propio del humano: “Su presencia es palpable en ese miserable tropel de desgraciados que han consagrado la vida por entero a llenar sus bolsas pero jamás sus cabezas, para luego descubrir que su mismo bienestar no es sino el castigo que los arroja a los brazos del tedio más desolador, del que procuran escapar corriendo en todas direcciones y viajando constantemente de acá para allá. Tan pronto como ponen los pies en algún lugar, cualquiera que éste sea, preguntan por sus lugares de diversión y sus clubes con la misma ansiedad con que inquiere el mendigo por las instituciones de asistencia pública; pues ciertamente la necesidad y el tedio son los dos polos de la vida humana.”

Sobre el dolor del mundo, el suicidio y la voluntad de vivir, Madrid, Tecnos, 1999, pp. 26-27.

26.8.09

Carta de Rimbaud del 6 de mayo de 1883. Sobre su cámara fotográfica

Aux siens

Mazeran, Viannay et Bardey.
Lyon-Marseille-Aden

Harar, le 6 mai 1883

Mes chers amis

(p.1) Le 30 avril, j’ai reçu au Harar votre lettre du 26 mars. Vous dites m’avoir envoyé deux caisses de livres. J’ai reçu une seule caisse à Aden, celle pour laquelle Dubar disait avoir épargné 25 francs. L’autre es probablement arrivée à Aden, à pèsent, avec le graphomètre. Car je vous avais envoyé, avant de partir d’Aden, un cheque de 100 francs avec une autre liste de livres. Vous devez avoir touché ce chèque et les livres vous les avez probab[leme]nt achetés. En fin à présent je ne suis plus au courant des dates. Prochainement, je vous enverrai une autre chèque de 200 francs, car il faudra que je fasse revenir les glaces pour la photographie.
(p.2) Cette commission a été bien faite; et si je veux je regagnerai vite les 2 000 francs que ça m’a coûté. Tout le monde veut se faire photographier ici, même on offre une guinée par la photographie. Je ne suis pas encore bien installée ni au courant, mais je le serai vite, et vous enverrai des choses curieuses.
(p.3) Ci-inclus 2 photographies de moi même par moi même. Je suis toujours mieux ici qu’à Aden. Il y a moins de travail et bien plus d’air, de verdure, etc. J’ai renouvelé mon contrat pour 3 ans ici, mais je crois que l’établissement fermera bientôt, les bénéfices ne couvrent les frais. En fin, il est conclu que le tour qu’on me renverra, on me donnera trois mois d’appointements d’indemnité. À la fin de cette année-ci, j’aurai trois ans complets dans cette boîte.
(p.4) Isabelle a bien tort de ne pas se marier si quelqu’un de sérieux et d’instruit se présente, quelqu’un avec avenir. La vie est comme cela, et la solitude est une mauvaise chose ici-bas. Pour moi je regrette de ne pas être marié et avoir une famille. Mais à présent je suis condamné à errer, attaché à une entreprise lointaine, et tous les jours je perds le goût pour le climat et les manières de vivre, et même la langue de l’Europe. Hélas! À quoi servent ces allées et venues, et ces fatigues, et ces aventures chez les races étranges, et ces langues dont on se remplit la mémoire, et ces peines sans nom si je ne dois pas un jour, après quelques années, pouvoir me reposer dans un endroit qui me plaise à peu prés de trouver une famille, et avoir au moins un fils que je passe le reste de ma vie à élever a mon idée, à orner et à armer de l’instruction la plus complète qu’on puisse atteindre à cette époque, et je voie devenir un ingénieur renomme, un homme puissant et riche par la science? Mais qui sait combien peuvent durer mes jours dans ces montagnes-ci? Et je puis disparaître, au milieu de ces peuplades, sans que la nouvelle en ressorte jamais.
(p.5) Vous me parlez de nouvelles politiques. Si vous saviez comme ça m’est indifférent! Plus de 2 ans que je n’ai pas touché un journal. Tous ces débats me son incompréhensibles, à présent. Comme les Musulmans, je sais que ce qui arrive arrive, et c’est tout.
(p.6) La seule chose qui m’intéresse, sont les nouvelles de la maison et je suis toujours heureux à me reposer sur le tableau de votre travail pastoral. C’est dommage qu’il fasse si froid et lugubre chez vous en hiver. Mais vous êtes a printemps à présent, et votre climat à ce temps-ci correspond avec celui que j’ai ici au Harar à présent.
(p.7) Ces photographies me représentent, l’une, debout sur une terrasse de la maison… l’autre, debout dans un jardin de café, une autre, les bras croisés dans un jardin de bananes. Tout cela est devenu blanc à cause des mauvaises eaux qui me servent à laver. Mais je vais faire de meilleur travail dans la suite. Ceci est seulement pour rappeler ma figure, et vous donner une idée des paysages d’ici.
Au revoir,

Rimbaud
Maison Mazeran Viannay et Bardey
Aden.

Œuvres complètes. Poésie, prose et correspondance. Introduction, chronologie, édition, notes, notices et bibliographie par Pierre Brunel, col. Classiques Modernes, Le livre de Poche, 1999, p. 962; Brunel especifica de la carta lo siguiente: “Cette lettre a été publiée pour la première fois avec une coupure par P. Berrinchon en 1899 dans les Lettres de Jean-Arthur Rimbaud. L’original se trouve à la Bibliothèque Jacques Doucet. Fac-similé dans Lettres d’Afrique et d’Arabie, p.133-136".